Biographie
Michális Tómpros compte parmi les grands sculpteurs grecs du XXᵉ siècle ; son nom est indissociable du renouvellement de la sculpture néo-grecque et de l’introduction du modernisme en Grèce. Né à Athènes au sein d’une famille de marbriers d’Andros, il est très tôt au contact du métier. Formé dans l’atelier paternel, il entre en 1903 à l’École des Arts d’Athènes (future École supérieure des beaux-arts), où il suit la sculpture auprès de Geórgios Vroútos et Lázaros Sóchos et le dessin auprès de Dimitrios Geraniótis et d’autres maîtres. Diplômé en 1909, il ouvre son atelier à Athènes et commence à exposer. En 1914, grâce au legs Averoff, il part à Paris à l’Académie Julian, travaillant avec Henri Bouchard et Paul Landowski. Le séjour parisien—dans le milieu de la diaspora grecque—le met au cœur des avant-gardes européennes, qui marquent durablement son langage.
De retour en 1919, il enseigne d’abord à l’École polytechnique nationale (Architecture). Paris demeure toutefois un pôle d’attraction : 1925–1928, il s’installe de nouveau dans la capitale, avec atelier à Montparnasse, et participe activement à la scène artistique internationale. Il expose aux grands Salons—Salon des Artistes Français, Salon des Tuileries, Salon des Indépendants—et présente des œuvres à l’Exposition internationale de Paris (1937). De retour à Athènes, il devient une figure centrale de l’avant-garde de l’Entre-deux-guerres et de la « Génération des années 1930 », transférant en Grèce l’expérience parisienne et le cosmopolitisme de la diaspora. En 1933–1934, il publie 20e Siècle, première revue grecque consacrée exclusivement aux arts visuels, ouvrant le débat aux tendances européennes et au dialogue entre artistes expatriés et scène locale. Professeur de sculpture à l’École des beaux-arts d’Athènes dès 1938, il y enseigne jusqu’en 1960 (et dirige l’École en 1957–1959), formant plusieurs sculpteurs majeurs.
La carrière de Tómpros affirme la présence internationale de la sculpture grecque : au-delà des Salons parisiens, il représente la Grèce à la Biennale de Venise (1934, 1938, 1956) et à la Biennale de São Paulo (1955), et expose très tôt avec le groupe progressiste Techní (dès les années 1910). Parmi ses étapes : une première rétrospective (1959, USIS, Athènes) et une grande rétrospective (1972, Union helléno-américaine). L’Académie d’Athènes le distingue de l’Aristeion des Arts (1967) puis l’élit membre (1968). Ses œuvres publiques ponctuent l’espace grec : le monument équestre de Geórgios Karaïskáki à Athènes, l’emblématique Marin inconnu (1959, Andros), hommage aux marins de l’île, et de nombreuses bustes de héros et personnalités. Des œuvres sont conservées à la Galerie nationale – Musée Alexandros Soutsos (Glyptothèque) et dans plusieurs galeries municipales (dont Ioannina).
Son style conjugue tradition classique et modernité. Sans renier le réalisme ni l’empreinte de l’art antique, il intègre les courants occidentaux—cubisme, expérimentations post-cubistes, inflexions surréalistes—dans une langue sculpturale grecque. La critique souligne un dualisme fécond : d’un côté, des compositions libres—en particulier les nus féminins—demeurent anthropocentrées, à la plasticité souple rappelant Aristide Maillol ; de l’autre, les commandes officielles (bustes, statues, monuments) adoptent parfois une veine plus académique/classicisante. Sa quête constante de formes contemporaines l’amène à des expérimentations hardies (formes abstraites, iconographies imaginaires), préparant l’accueil de l’avant-garde en Grèce. Par son œuvre et son enseignement, Tómpros joue un rôle fondateur dans la sculpture grecque moderne et demeure une référence pour la Génération des années 1930 et leurs successeurs.
BibliographieDimitrios Pavlopoulos, Le sculpteur Michális Tómpros (1889–1974), thèse de doctorat, Université d’Athènes, 1997.Galerie nationale – Musée Alexandros Soutsos, « Tómpros, Michális (1889–1974) » (portail officiel).Lexique des artistes grecs : Peintres – Sculpteurs – Graveurs, XVIe–XXe s., t. 4. Athènes : Melissa, 1997.Kyriákos Koutsomállis & Dimitrios Pavlopoulos, Michális Tómpros dans la collection de la Fondation Basil & Élise Goulandris. Athènes : Fondation B&E Goulandris, 2006.Stélios Lydakis, La sculpture néo-grecque — Histoire et typologie. Athènes : Melissa, 2011.Miltiadis M. Papanikolaou, Histoire de l’art en Grèce : Peinture et sculpture du XXᵉ siècle. Thessalonique : Adam, 1999.Cette biographie a été créée avec l’assistance d’une IA.