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Thomas Chimes

Thomas Chimes

American
1921 - 2009

Biographie

Thomas Chimes (1921–2009) est un peintre gréco-américain né à Philadelphie de parents grecs. Entré à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts en 1939, il interrompt ses études pour servir dans l’U.S. Army Air Forces pendant la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, il s’installe à New York, où il étudie la philosophie à Columbia et la peinture à l’Art Students League. En 1946, la rencontre avec la Guernica de Picasso agit comme un électrochoc et oriente sa recherche. En 1952, un voyage en Europe—dont la Grèce—lui révèle à la fois son héritage et le modernisme (jusqu’à la chapelle de Matisse). L’année suivante, il choisit de revenir définitivement à Philadelphie, à distance des contraintes de la scène new-yorkaise, pour bâtir une trajectoire indépendante nourrie par la mémoire et la littérature—surtout l’œuvre iconoclaste d’Alfred Jarry, fil rouge de sa vie.

À la fin des années 1950, Chimes présente ses premiers tableaux mûrs : compositions semi-abstraites au symbolisme existentiel. Puisant dans la tradition orthodoxe grecque et le modernisme européen (empreinte de la chapelle de Matisse), il sème étoiles, échelles et croix dans des paysages dépouillés, chargés d’allusions spirituelles. Au début des années 1960, des personnelles à New York attirent collectionneurs et institutions ; le MoMA acquiert des œuvres. Entre 1958 et 1965, il peint les « Crucifixions », où un geste abstrait rencontre des symboles religieux et philosophiques pour sonder la spiritualité et la conscience. De 1965 à 1973, il réalise des constructions murales en métal mêlant peinture, collage et petits objets. Inspirés par la ’Pataphysique de Jarry, ces dispositifs intègrent des signes culturels contemporains—des icônes rock à Marcel Duchamp—et revendiquent un jeu intellectuel qui bouscule les codes.

Dans les années 1970, Chimes reconfigure sa pratique : retour à la peinture et nouveaux formats. De 1973 à 1978, il peint de petites portraits sur panneaux de bois, dans des cadres faits main rappelant l’icône byzantine, galerie de ses héros de l’esprit—Jarry, Artaud, Duchamp, etc. À la fin des années 1980, il ouvre sa phase ultime et la plus identifiée : les « tableaux blancs ». Quasi monochromes, leurs surfaces blanches, brumeuses ou légèrement en relief laissent affleurer portraits enfouis, constellations et fragments de texte. Des inscriptions en grec, français et anglais—emprunts à des textes alchimiques et à l’univers jarryesque—font de ces surfaces austères de véritables champs de pensée. Chimes y explore, de manière elliptique et mystérieuse, la ’Pataphysique et les lisières de la psyché, tout en puisant dans la mythologie, les symboles et la langue grecque, jusqu’à sa disparition en 2009.

S’il a travaillé loin des grands pôles, Chimes a obtenu une reconnaissance durable. Le Ringling Museum of Art (Floride) lui consacre une première rétrospective en 1968 ; une vue d’ensemble suit au Moore College of Art (Philadelphie) en 1986. Il participe à des expositions majeures—Whitney Biennial (1975) ; Three Centuries of American Art (1976, Philadelphia Museum of Art). En 1994, le Centre Onassis pour les études helléniques (New York) met l’accent sur la dimension grecque de son œuvre. Le Philadelphia Museum of Art organise Thomas Chimes: Adventures in ’Pataphysics en 2007 (plus de 100 œuvres). La tournée Thomas Chimes: Into the White (2013–2014)—consacrée aux tableaux blancs tardifs—va d’Allemagne au Musée Benaki (Athènes). Ses œuvres figurent dans des collections majeures, dont le Philadelphia Museum of Art, le MoMA, la Galerie nationale (Athènes) et le Smithsonian American Art Museum. Chimes laisse une œuvre rare, où la gravité spirituelle de l’héritage grec se conjugue à l’expérimentation de l’art moderne.

Bibliographie

  1. Nickel, Karl. Thomas Chimes: A Retrospective Exhibition. Sarasota : John and Mable Ringling Museum of Art, 1968.
  2. Philadelphia Museum of Art (dir.). Philadelphia: Three Centuries of American Art. Philadelphia Museum of Art, 1976.
  3. Goldie Paley Gallery. Tom Chimes, A Compendium: 1961–1986. Philadelphie : Moore College of Art & Design, 1986.
  4. Taylor, Michael R. Thomas Chimes: Adventures in ’Pataphysics. Philadelphie : Philadelphia Museum of Art / Yale University Press, 2007.
  5. Ehrmann-Schindlbeck, Anna-Maria et al. Thomas Chimes: Into the White. Tuttlingen / Athènes : Galerie der Stadt Tuttlingen & Musée Benaki, 2013.

La biographie a été rédigée et révisée par l’équipe de la Diaspora.